La situation de l’industrie quebecoise est préoccupante : nous accusons un retard d’investissement de l’ordre de 10 milliards de dollars, notre parc de machines a dix ans de plus que le parc du reste du Canada, des usines ferment régulièrement… Le projet national « Industrie du Futur » a pour objectif d’amener chaque entreprise industrielle à franchir un pas dans la modernisation de son outil de production et dans la transformation de son modèle économique par le numérique. En effet, les technologies numériques sont à l’origine du bouleversement de l’Industrie. Difficile en effet d’imaginer une telle révolution sans les apports du Cloud Computing, que ce soit pour stocker des données ou travailler en collaboration avec des postes distants, sans l’utilisation de logiciels en mode SaaS et sans le Big Data Analytics qui améliore la production via une maintenance prédictive.
Au-delà de la production proprement dite, l’Industrie 4.0 constitue une rupture majeure dans la manière de concevoir et de commercialiser les produits, dans la manière d’envisager les organisations et la gestion des compétences. Elle repose sur une réflexion globale mobilisant les métiers opérationnels et les fonctions supports à tous les niveaux de la hiérarchie.
L’enjeu est aujourd’hui d’organiser progressivement le passage de l’Usine Québec vers l’Usine du Futur. Cela signifie de prioriser les enjeux de la modernisation de l’appareil productif français selon des critères stratégiques de compétitivité de chacun des secteurs industriels et les niveaux de maturité des technologies.
Comment fonctionne l’Industrie 4.0 ?
Six principes clés
- L’usine est virtualisée afin de pouvoir simuler et suivre en 3D les produits, les processus et l’environnement de production.
- Les systèmes sont interopérables, ils ont la capacité de communiquer et d’interagir entre eux.
- Les décisions sont décentralisées ce qui signifie que les systèmes cyber-physiques peuvent prendre des décisions de façon autonome.
- L’analyse et la prise de décision s’effectuent en temps réel, grâce à une communication permanente et instantanée.
- Elle est orientée service : maintenance améliorée et offre de nouveaux services.
- Elle est modulaire : elle s’adapte rapidement à une demande changeante.
Quel impact sur l’organisation dans l’entreprise ?
L’Industrie 4.0 implique le déploiement de nouveaux modèles d’organisations afin d’aider les entreprises à gagner en flexibilité, en performance et en compétitivité. Les impacts sur l’organisation du travail, sur la gestion des compétences et des métiers, sur le management et les modes de relations au travail sont très significatifs. En voici quelques illustrations :
- Les processus de fabrication sont simulés dès la phase de conception du produit, tout comme les actes techniques de production et de maintenance à réaliser par les opérateurs. En conséquence, l’ergonomie est fortement améliorée, soit par transfert des actes difficiles sur des robots, soit par modification de l’environnement de travail.
- Les opérateurs sont équipés d’objets connectés, tels que des tablettes ou des lunettes qui permettent la réalité augmentée. Ces objets facilitent par exemple les opérations de maintenance et le contrôle qualité. Le métier d’opérateur comporte ainsi de plus en plus de pilotage et de contrôle, et de moins en moins de travail manuel.
- Le rôle du management est renforcé. La prise de décision est décentralisée sur la ligne de production, les outils d’aide au pilotage se développent.
- La coexistence entre les hommes et les machines au sein de l’usine impacte les comportements. Dans un environnement où les robots et les systèmes sont de plus en plus présents, le rôle du manager dans la mise en œuvre et le maintien d’un esprit d’équipe et d’une bonne communication est essentiel.
- Les compétences évoluent en conséquence : passage du 2D à la 3D, utilisation d’objets connectés, prise de décision. Ces évolutions s’accompagnent de plans de formation et de création de communautés d’expertises, afin d’échanger sur les meilleures pratiques.